LES CANNABINOÏDES
0, 25 à 0, 50% de THC en poids des feuilles textiles sèches
5% de THC en poids des feuilles actives sèches
15% de THC en poids des feuilles sèches (Californie)
15 à 35% de THC dans la résine
35 à 60% de THC dans l'huile
I. LES MÉTABOLITES
Plus de 60 cannabinoïdes naturels
(Dérivés phénoliques non azotés du benzopyranne)
Dans l'organisme, urine humaine :
l-δ-9-TRANS-TETRA-HYDRO-CANNABINOL
(THC)
traces
11-HYDROXY-THC
2%
8-β-hydroxy-THC
traces
8-β,11-di-hydroxy-THC
traces
8-α-hydroxy-THC
traces
ACIDE 11-NOR-THC-CARBOXYLIQUE
(THC-COOH)
80%
Dans la plante :
CANNABIDIOL
(qui se transforme en THC par pyrolyse)
δ-9-TRANS-TETRA-HYDRO-CANNABINOL
(THC)
δ-8-TRANS-TETRA-HYDRO-CANNABINOL
ACIDE 11-NOR-δ-9-TETRA-HYDRO-CANNABINOLIQUE
(THC-COOH)
(qui se transforme en THC par pyrolyse)
ACIDE δ-8-TETRA-HYDRO-CANNABINOLIQUE
(qui se transforme en THC par pyrolyse)
Cannabinol
Acide cannabinolique
Cannabigérol
Acide cannabigérolique
Cannabichromène
Acide cannabichroménique
Cannabicyclol
Acide cannabielsoïque
Chaîne propyle
Cannabidivarine
δ-9-Trans-Tétra-Hydro-Cannabivarine
Cannabivarine
II. LES VOIES D'ADMINISTRATION
1. INHALATION
La plus habituelle
2. PRISE ORALE
Absorption accélérée en présence de corps gras
3. FUMEUR PASSIF ?
Concentration urinaire THC toujours < 7 µg/l
Concentration urinaire THC-COOH < 39 µg/l
En réalité, pas de pic et plus de détection le lendemain.
III. LES CINÉTIQUES
A. LE THC
Pic plasmatique de 50 à 200 µg/l en chronique
Pic plasmatique de 50 à 130 µg/l pour 19 mg dans 1 cigarette isolée
Pic plasmatique <5 µg/l pour 20 mg ingérés PO
en 1 à 3h
Absorption = 18-22% en inhalation
Vd = 4 à 14 l/kg
T1/2 = 8 jours
IV. LES MATRICES
LE SANG
THC
11-OH-THC
THC-COOH
Cannabidiol
Cannabinol
La détection qualitative des substances actives du cannabis dans le sang est suffisante pour affirmer la dangerosité de l'état d'imprégnation en cours car les seuils de détection utilisés dans les laboratoires sont toujours supérieurs aux concentrations correspondant au début des effets du cannabis sur l'organisme.
La mesure quantitative d'une concentration sanguine des substances cannabinoïdes confirme leur présence dans l'organisme. Le niveau de concentration n'est pas le fidèle reflet des effets directs et continus de ces substances sur le cerveau comme on peut le faire avec une concentration d'alcool éthylique car elles sont immédiatement actives et leur action ne suit pas une règle de proportionalité avec la concentration. En effet, il a été montré que le début des effets sur l'organisme se situe entre 5 et 10 microgrammes par litre lors de la montée du pic puis entre 1 et 5 microgrammes par litre après le pic et que l'augmentation de la concentration sanguine se fait dans une fourchette qui peut être considérée comme étroite et qui reflète imparfaitement une bien plus grande augmentation de la quantité distribuée dans l'organisme et notamment dans le cerveau. En clair, la concentration dans le sang n'est pas à tout moment un indice précis de la quantité totale de substances cannabinoïdes contenues dans l'organisme qui peut être très élevée en-dehors des apparences comme pour toute substance lipophile. Les substances cannabinoïdes s'accumulent dans le gras du corps et l'influence sur le comportement est donc permanente a minima. Les dosages dans le sang permettent de tracer la dernière consommation si elle a eu lieu au cours des trois à six dernières heures.
L'URINE
THC-COOH
Cannabidiol
Cannabinol
La mesure d'une concentration urinaire des substances cannabinoïdes affirme leur présence dans l'organisme. Le niveau de concentration n'est pas le fidèle reflet des effets directs et continus de ces substances sur le cerveau.
La détection qualitative des principales substances du cannabis dans l'urine est suffisante pour affirmer la dangerosité de l'état d'imprégnation en cours. Le niveau lui-même de concentration n'est pas le fidèle reflet des effets directs et continus de ces substances sur le cerveau. Cependant, la présence de substances cannabinoïdes dans l'urine est la preuve que l'organisme était imprégné de ces substances de manière continue pendant les heures qui ont précédé le prélèvement. Comme il a été montré que le début des effets sur l'organisme se situe très bas entre 1 et 5 microgrammes par litre de plasma ce qui correspond à une seule cigarette fumée pour la première fois et que le seuil de détection dans l'urine est suffisamment élevé se situant autour de 25 microgrammes par litre, il n'y a pas lieu de faire la distinction d'un point de vue médical entre les résultats sanguins et urinaires ni d'en faire une autre entre l'imprégnation isolée et l'imprégnation régulière, du moment que la détection dans l'urine est positive au-delà du seuil de détection de 25 microgrammes par litre d'urine. Il en va tout autrement lors de l'établissement d'une responsabilité médico-légale. A ce moment-là, les dosages se font dans le sang et démontrent à la fois l'usage et l'influence mais en plus le délai très bref écoulé depuis la dernière consommation.
LA SALIVE
La détection qualitative des substances actives du cannabis dans la salive est suffisante pour affirmer la dangerosité de l'état d'imprégnation en cours d'autant que leur présence est essentiellement le reflet d'une séquestration bucco-dentaire et traduit donc une consommation très récente. Le fait qu'il puisse s'agir d'une contamination par contact direct avec la résine de cannabis n'a pas d'importance lors de l'établissement d'une responsabilité médico-légale puisque c'est précisément la démonstraion d'un délai très bref écoulé depuis la dernière consommation qui est recherché par les autorités.
La mesure d'une concentration salivaire des substances cannabinoïdes affirme avec certitude leur présence dans l'organisme. Cependant, le niveau de concentration n'est pas le fidèle reflet des effets directs de ces substances sur le cerveau et d'autant moins que le passage de ces substances du plasma dans la salive est faible. Les milieux de référence restent dont le sang et l'urine en dernier ressort.
LES CHEVEUX
La mesure d'une concentration dans le cheveu des substances cannabinoïdes démontre en théorie l'usage antérieur mesuré en mois au rythme moyen de un centimètre par mois à condition que la consommation soit intense, fréquente et prolongée. Le niveau de concentration dans le cheveu n'est en aucun cas le reflet des effets directs et continus de ces substances sur le cerveau. En revanche, elle peut donner une information intéressante sur l'état d'imprégnation au cours des derniers mois sans donner d'indication sur la consommation journalière et encore moins des derniers jours.
La détection qualitative des substances actives du cannabis dans les cheveux n'est pas appropriée pour affirmer l'intensité de l'imprégnation en cours.
LE LAIT MATERNEL
V. LES EFFETS PHARMACOLOGIQUES
Bronchodilatateur:
Anticonvulsivant:
Anti-spasmodique:
Orexigène:
Anti-émétique:
Anti-testostérone:
VI. LES USAGES
Migraines:
Douleurs menstruelles:
Asthme:
Insomnie:
Constipation:
Anti-émetique:
Drobinal® (THC) et Cesamet® (Cannabinoïde de synthèse)
Glaucome:
Epilepsie:
Anorexie:
En graines ou en huile dans l'alimentation de certains pays
VI. LES MÉTHODES DE DÉTECTION
1. DEPISTAGE : IMMUNO-ENZYMATIQUE
Anticorps anti acide 11-nor-δ-8-THC-COOH
Seuil de détection possible à 10 µg/l
Seuil de positivité : 25 µg/l proposé par la FDA
2. CONFIRMATION : GC/MS
Seuils de détection et de positivité confondus
Seuil de détection : 1 µg/l
Tout est retrouvé ou presque
Les principales molécules peuvent être quantifiées
VII. LES DOSAGES
Une cigarette contient 5-20 mg de THC
22% du THC fumé sont inhalés
Les prescriptions aux USA vont de 2.5 à 20 mg per os
1. Plasmatiques
A. 15.8 mg fumés en 11 mn chez 6 hommes adultes (1992)
THC
Pic plasmatique moyen à 84 µg/l (50-129) à 0.14h
Conc. plasmatique moyennne à 1.2 µg/l à 3h
11-OH-THC
Pic plasmatique moyen à 6.7 µg/l (3.3-10) à 0.25h
Conc. plasmatique moyennne à 0.7 µg/l à 3h
8-β-hydroxy-THC
traces
8-β,11-di-hydroxy-THC
traces
8-α-hydroxy-THC
traces
THC-COOH
Pic plasmatique moyen à 25 µg/l (15-54) à 1.5-2.4h
Conc. plasmatique moyennne à 8.8 µg/l à 12h
B. 4-5 mg en infusion IV chez 7 personnes (1981)
THC
Pic plasmatique moyen à 62 µg/l à 20mn
11-OH-THC
Pic plasmatique moyen à 3 µg/l à 25mn
8-β-hydroxy-THC
Pic plasmatique moyen à 4 µg/l à 25mn
8-β,11-di-hydroxy-THC
traces
8-α-hydroxy-THC
traces
THC-COOH
Pic plasmatique moyen à 14 µg/l (non conjugués) à 40mn
2.4h
Conc. plasmatique moyennne à 8.8 µg/l à 12h
C. 5 mg en infusion IV pendant 2 minutes (1992)
THC
Pic plasmatique moyen à 438 µg/l à 2mn (fréquents)
Pic plasmatique moyen à 386 µg/l à 2mn (non fréquents)
Résiduel plasmatique moyen à 25 µg/l à 90mn (fréquents)
Résiduel plasmatique moyen à 20 µg/l à 90mn (non fréquents)
2. Urinaires
A. 27 mg fumés chez 8 volontaires (1995)
THC
Pic urinaire moyen à 22 µg/l à 2h
11-OH-THC
traces
8-β-hydroxy-THC
traces
8-β,11-di-hydroxy-THC
traces
8-α-hydroxy-THC
traces
THC-COOH
Pic urinaire moyen à 78 µg/l à 3h
B. 10 mg fumes chez 10 volontaires (1986)
THC
11-OH-THC
traces
8-β-hydroxy-THC
traces
8-β,11-di-hydroxy-THC
traces
8-α-hydroxy-THC
traces
THC-COOH
Pics urinaires de 6-129 µg/l <16h
VIII. LES CONSTANTES
A. LE THC
- Vd = 4-14 l/kg
- pKa = 10.6
- Fb = 0.97
- Sang total/plasma = 0.55
- 70% sont excrétés en 72h (40% fèces et 30% urine)
- Ensuite les règles suivantes s'appliquent dans le sang:
T1/2 THC= 20-57h (usage occasionnel)
T1/2 THC= 3-13j (usage habituel)
T1/2 THC-COOH= 33h (usage occasionnel)
T1/2 THC-COOH= 40h (usage habituel)
IX. LES CONCLUSIONS PRATIQUES
Usage espacé:
Une cigarette de 20 mg de THC (c'est le maximum habituel) libère 4 mg de THC dans l'organisme
Qui se distribuent dans 300 à 1000 litres (4-14 litres/kg et 70 kg)
Pour donner une concentration d'équilibre dans le volume de distribution de 4 à 13 µg/l
Mais le plasma est déjà redescendu à 1 µg/l au bout de 3h (= 4 à 13 fois moins)
Puis la concentration d'équilibre dans le volume de distribution est entre 1 et 4 µg/l au bout de trois jours (70% éliminés)
Et donc encore moins dans le plasma (probablement 4 à 13 fois moins).
Donc, pour détecter l'usage, il faut rechercher:
Soit le THC plasmatique avant 3 heures
Soit le THC-COOH urinaire après 3 heures
Et, après trois jours, l'urine n'est plus alimentée que par 9% du THC initial (30% urine, 40% fèces)
C'est à dire moins de 360 microgrammes dans les 2 cas extrêmes de l'usage occasionnel:
1°) T1/2 THC= 57h (valeur supérieure dans l'usage occasionnel)
Elimination supposée uniforme à
90% en 8 jours (3,3 demi-vies)
donc 8 litres d'urine (1 litre par jour)
soit une concentration moyenne de THC de 40 µg/l d'urine
sous forme à 80% au maximum de THC-COOH : 32 µg/l d'urine
On doit retrouver en réalité plus près du double de ces valeurs les 4 premiers jours et de la moitié les 4 derniers pour tenir compte de la forme exponentielle de l'élimination.
2°) T1/2 THC= 20h (valeur inférieure dans l'usage occasionnel)
Elimination supposée uniforme à
90% en 3 jours (3.3 demi-vies)
donc 3 litres d'urine (1 litre par jour)
soit une concentration moyenne de THC de 108 µg/l d'urine
sous forme à 80% au maximum de THC-COOH : 86 µg/l d'urine
On doit retrouver en réalité plus près du double de ces valeurs les 36 premières heures et de la moitié les 36 dernières pour tenir compte de la forme exponentielle de l'élimination.
Usage habituel:
Le même raisonnement est suivi pour les deux cas extrêmes de l'usage habituel mais en partant de valeurs initiales beaucoup plus élevés puisque le THC est beaucoup plus concentré dans le même volume de distribution:
1°) T1/2 THC= 3j ( valeur inférieure dans l'usage habituel)
2°) T1/2 THC= 13j (valeur supérieure dans l'usage habituel)
Dans l'usage habituel, il faut donc tenir compte du fait que l'organisme peut être saturé de substances cannabinoïdes plusieurs jours sans que la concentration plasmatique de THC ne s'élève vraiment et elle peut même rester inférieure à 1 µg/l en moyenne ou en permanence si il n'y a pas de nouvelle consommation.
Mais, quand l'organisme est saturé, le THC de la dernière cigarette consommée peut alors apparaître massivement et donner des valeurs élevées ou très élevées en THC et THC-COOH dans le sang et dans l'urine.
Par exemple, 4mg de THC après une cigarette vont se diluer rapidement dans 5 litres de sang (milieu aqueux) au lieu de 300 à 1000 litres de volume total de distribution théorique (milieu gras saturé) pour un joint isolé! Ce qui se répercutera de la même manière sur les concentrations urinaires.
Au total:
Pour simplifier les choses, on peut distinguer grossièrement deux fréquences d'usage sur le plan des dosages biologiques:
L'usage espacé de moins d'une cigarette par semaine (7 à 11 jours) et
L'usage habituel de plusieurs cigarettes par semaine.
Il existe évidemment une multitude de situations intermédiaires qu'il est nécessaire d'interpréter au cas par cas.
Il est important de tenir compte que dans un grand nombre de cas, le mode d'inhalation du cannabis a changé et se fait de manière plus passive qu'active (comme un fumeur de cigares ou de pipe) sous la pression des campagnes antitabac. Le pic de concentration sanguine est dès lors atténué. En revanche, il n'est pas certain que l'imprégnation de l'organisme soit atténué d'autant lors d'un usage habituel. L'accumulation dans le gras du corps est seulement plus lente à se constituer.