Les contraintes imposées par le sport intensif et le sport de haut niveau imposent-elles la prise de compléments alimentaires ?

Monday, 6 April 2020 21:19

 

Assurément la réponse à cette question mérite une réflexion plus subtile que la simple alternative "oui" ou "non". Les charges de travail des sportifs de haut niveau méritent une individualisation dans la programmation et le contenu de l’entraînement. Il en est de même pour l’aspect nutritionnel qui peut inclure si nécessaire la prise de compléments alimentaires dont le rôle n’est pas de se substituer à l’alimentation mais de la compléter dans les cas ou celle-ci serait déficiente ou insuffisante. Il n’est donc pas logique d’en consommer sans avoir au préalable réalisé une enquête alimentaire. L’analyse de l’alimentation et les conseils nutritionnels qui seront prodigués au sportif tiendront compte des habitudes alimentaires, des allergies, des goûts, des heures des repas, des horaires et du lieu d’entraînement (altitude…), des charges de travail… En pratique, il faut surveiller spécifiquement trois points faibles dans l’alimentation des sportifs : • L’apport suffisant des aliments intervenants dans la lutte contre les radicaux libres : fruits et légumes crus et cuits. • L’apport suffisant en Acides gras poly insaturés (Oméga 6/Oméga 3). En particulier pour les Omega 3, il convient de consommer deux fois par semaine un poisson gras comme le saumon ou le maquereau ainsi que deux cuillères à soupe d’huile par jour (mélange 60% huile d’olive / 40% d’huile de colza). • Le tube digestif et particulièrement le colon car c’est à son niveau que sont absorbés l’essentiel des nutriments. Or, le colon est un organe sensible aux variations de circulation sanguine que le sport ne fait qu’amplifier par des successions « d’ischémie-reperfusion ». Cette analyse sera complétée par la réalisation d’une enquête ciblée sur l’existence de symptômes témoins d’un déséquilibre micro-nutritionnel. On pourra si nécessaire affiner le diagnostic par la réalisation d’une analyse biologique. Si l’enquête alimentaire témoigne d’une déficience et qu’elle s’associe à des signes de dysfonctionnement cliniques et biologiques, il convient de proposer aux sportifs un nouveau regard sur leur alimentation et un programme de complémentation. La consommation de compléments alimentaires ne doit pas être automatique ou systématique, encore moins relever de l’automédication quel que soit le niveau de la pratique sportive. Ce sont les indications médicales qui justifient et encadrent la prise de compléments alimentaires, en aucun cas les contraintes imposées par le sport.


Performance et santé n°12, spécial dopage, réponse de M. le Dr Jean-Pierre Cervetti, médecin du CREPS PACA et des équipes de France de natation.