La liste des médicaments interdits est-elle si large que plus aucun sportif ne puisse se soigner ?

Monday, 6 April 2020 21:19

 

Reproche souvent fait et entendu auprès de sportifs et de l'encadrement qui souhaitent se disculper. Depuis 2004, la liste des produits et substances interdites est élaborée et revue chaque année par l’Agence Mondiale Antidopage. Tous les pays et toutes les fédérations internationales s’y réfèrent dans une véritable harmonisation mondiale. Il s’agit d’une grande avancée qui assure à l’ensemble des sportifs le droit de se soigner dans le respect de règles précises qui sont les mêmes pour tous. Le code mondial antidopage prévoit la possibilité de demander une autorisation d’usage thérapeutique (AUT) pour des médicaments inscrits sur la liste des substances dopantes. Ces autorisations ne sont accordées que si le sportif « subit un préjudice de santé significatif s’il ne peut faire usage de ces substances » et « s’il n’existe pas d’alternative thérapeutique raisonnable pouvant se substituer à la substance normalement interdite». Pour ces raisons le Code Mondial Antidopage exclut des AUT les agents anabolisants, les hormones et substances apparentées, les antagonistes et modulateurs hormonaux, les diurétiques et les agents masquants. Les corticoïdes, puissants anti-inflammatoires qui permettent d’accélérer la guérison de bon nombre de pathologies traumatiques ou infectieuses, peuvent toujours être prescrits mais selon des règles très précises. Ces précautions sont logiques car les corticoïdes employés à forte dose ou de manière prolongée ou répétée peuvent être dangereux pour la santé du sportif. Nous comprenons les sportifs impatients qui souhaitent être guéris rapidement d’une tendinopathie ou bien d’une rhinopharyngite quand s’approche une compétition importante. Pourtant, en cas de maladie infectieuse, le meilleur traitement est le repos tant que le sportif se sent fébrile et fatigué. Cette règle essentielle, sous peine de complications musculaires ou cardiaques gravissimes, est pourtant malheureusement rarement respectée. En cas de lésions musculaires ou tendineuses, une rééducation bien conduite suivie d’un renforcement musculaire adapté et d’une modification du geste responsable de la blessure sont les meilleurs garants d’une guérison sans rechute. Enfin, de nombreux médicaments qui ne sont pas inscrits sur la liste des produits interdits, sont efficaces pour l’ensemble des pathologies que peuvent présenter les sportifs. « Mieux vaut prévenir que guérir ». Le bon sens de ce proverbe s’applique parfaitement au sport intensif et de haute performance.            


Performance et santé n°12, spécial dopage, réponse de M. le Dr Jacques Pruvost, médecin conseiller du Directeur Régional et Départemental de la Jeunesse et des Sports, DRDJS PACA.