La créatine est-elle un produit masquant et, à ce titre, fait-elle partie de la liste des substances interdites ?
Monday, 6 April 2020 21:19
De nombreuses idées reçues sont véhiculées sur la créatine alors qu’il s’agit d’un complément alimentaire très utilisé dans le monde du sport. Première idée reçue, la créatine serait utilisée pour des propriétés masquantes. C'est-à-dire que sa consommation permettrait de masquer la prise de produits interdits. C’est faux car l’augmentation du taux de créatine dans les urines ne perturbe en rien les différentes méthodes de détection des produits dopants et notamment des anabolisants. Deuxième idée reçue, la prise de créatine aurait des effets anabolisants sur les muscles des sportifs. La prise de poids est réelle chez certains sportifs mais elle est généralement consécutive à une rétention d’eau. Quelques études récentes tendraient à montrer un effet de la créatine dans l’activation du processus de régénérescence musculaire. Ces études, dites « in vitro », ne reflètent que la vérité du laboratoire et, à ce jour, aucune étude scientifique ne permet de démontrer un effet anabolisant chez l’homme. Les informations commerciales ne sont donc que pure spéculation. Si la prise de masse musculaire existe, elle est due à la contamination du produit par des anabolisants ou à la prise parallèle d’anabolisants et non pas à la créatine seule. La créatine n’ayant à aucun moment été inscrite sur la liste des substances et méthodes dopantes, certains athlètes justifient leurs performances par la consommation de ce produit à la fois « autorisé et magique ». La consommation de créatine peut alors servir de « masquant médiatique » à une véritable utilisation de produits dopants. Ceci a pour conséquences d’entretenir la confusion tant sur l’efficacité que sur le statut de ce produit auprès des sportifs et du public. Rappelons que la consommation a été fortement déconseillée par certaines fédérations sportives comme celle de rugby. Troisième idée reçue, la vente de créatine est toujours interdite en France. Depuis 2006 et l’inscription de la créatine dans le décret 2006-352 relatif aux compléments alimentaires, la vente de créatine est autorisée sous certaines conditions : la posologie indiquée ne doit pas être supérieure à 3g par jour et ne doit pas excéder une durée de 4 semaines ; l’absence de contaminants (créatinine, dicyandiamide, dihydrotriazine, métaux lourds et micro-organismes) doit être garantie par un critère de pureté satisfaisant (minimum 99,95 %) ; la créatine doit être apportée sous une forme ayant été évaluée (créatine ou monohydrate de créatine).
Performance et santé n°12, spécial dopage, réponse du Collectif « ensemble, préservons la santé des sportifs » (EPS, Montpellier) : Dr Olivier Coste, médecin conseiller, DRDJS Languedoc-Roussillon ; Jean Bilard, Association Ecoute Dopage ; Drs Jean-Pierre Blayac et Claire Condemine-Piron, responsables de l'Antenne Médicale de Prévention du Dopage (AMPD de Montpellier) ; Dorian Martinez, Association Vivre Sport ; Jérémy Jean Louis, organisme de certification Wall Protect ; Dr Christian Trape, Médecin de l’Antenne Médicale de Prévention du Dopage (AMPD de Marseille).